Une histoire de savon : des origines à l’authentique savon de Marseille

Une histoire de savon : des origines à l’authentique savon de Marseille

Dès les premières civilisations de l’Histoire, les hommes ont préconisé une forme d’hygiène même très rudimentaire. Le savon est le produit d’hygiène le plus ancien au monde juste après le dentifrice, inventé par les Égyptiens 4000 ans avant notre ère. Au fil des siècles, l’utilisation et la composition du savon ont fortement évolué. Nous vous proposons de découvrir ici les origines de ce produit du quotidien à travers les âges.

par Marie-Louise

Les premières traces du savon sous l’Antiquité

L’écrivain et naturaliste Pline l’Ancien attribue l’invention du savon aux Gaulois qui utilisaient un mélange de suifs (graisse animale fondue) et de cendres, essentiellement pour colorer leurs cheveux blonds en roux ou traiter les maladies de peau. Or, les premières traces de fabrication de savon sont bien plus anciennes...

Des inscriptions relatant une recette d’un produit utilisé pour le dégraissage et le lavage de la laine et du coton ont été retrouvées sur un cylindre en terre cuite, dit « cylindre de Gudea», daté de 2125 ans avant Jésus Christ. Ces supports et leurs écritures cunéiformes ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques à la fin du XIXème dans l’actuel Irak; ils sont issus d’un peuple de Mésopotamie, les Sumériens.

On retrouve d’autres traces manuscrites sur le savon en Égypte, vers 1550 avant J.C, sur le Papyrus Ebers. Il mentionne l’utilisation d’une substance semblable à du savon à des fins pharmaceutiques. Cette pâte appelée « Trona» était obtenue grâce à un mélange de graisses animales ou végétales avec du sulfate de plomb ou du carbonate de sodium. Un cocktail d’ingrédients qui devaient s’avérer très toxique pour la peau à cause du plomb...

Les Romains quant à eux préféraient l’huile au savon. Pour se laver, ils s’enduisaient le corps d’huile, puis se servaient d’un strigile (une sorte de racloir recourbé en fer) pour détacher la crasse !

"À ce jour, il ne reste à Marseille que trois savonneries en activité à saponifier selon le procédé de “l’empâtage à chaud"

Du savon primitif au savon “dur”

Le premier vrai savon dur vient du monde arabe, il s’agit du Savon d’Alep créé il y a environ 1500 ans avant notre ère en Syrie. Ce savon végétal pur est fabriqué à partir d’huile d’olive et d’huile de baies de laurier. La graisse animale a donc été remplacée par des huiles de bonne qualité (mais impropres à l'alimentation) qui rendent le savon plus ferme. Le savon d’Alep est ainsi l’ancêtre du savon de Marseille.

Vers la fin du premier millénaire, les croisades vont permettre la diffusion à grande échelle des techniques de fabrication du savon solide d’Alep dans toute l’Europe médiévale. Ainsi, la facilité d’approvisionnement en huile d’olive dans le bassin méditerranéen a rapidement permis à des sites comme Marseille, Toulon et Salon-de-Provence de devenir de grands centres de production de savon dès la fin du Moyen-Âge. À Marseille, la première savonnerie dépassant le statut artisanal est fondée en 1593.

Quelques décennies plus tard, en 1668, la formule du savon de Marseille est institutionnalisée par l’édit de Colbert qui proscrit l’usage de corps gras autre que l’huile d’olive. La standardisation du procédé marseillais est un gage de reconnaissance qui met en évidence la qualité constante et la valeur sûre de ce produit apprécié dans toute l’Europe. En 1811, un nouveau décret autorise l’utilisation d’autres corps gras tant que ces derniers soient clairement mentionnés. L’année suivante, une estampille en forme de losange distingue les authentiques savons de Marseille saponifiés à l’huile d’olive de ceux mêlant plusieurs matières premières. 

Mais la formule du savon solide telle que nous la connaissons aujourd’hui a été mise au point en 1823 grâce aux recherches d’un chimiste angevin, Michel-Eugène Chevreul. Il est à l’origine d’un travail remarquable sur la réaction de la saponification, la composition des huiles, la structure des acides gras et la découverte de la stéarine.

D’autres scientifiques, savonniers et passionnés ont marqué par leurs trouvailles tant scientifiques que technologiques, la production du savon en France. Nous pouvons citer François Merklen qui approfondit les travaux de Chevreul en fixant en 1906 le pourcentage d’huiles végétales dans les savons de Marseille à 72% complété par de la soude, du sel marin et de l’eau.

Du Made in Marseille au Made in China

Le savon d’Alep puis le savon de Marseille sont tous deux issus de procédés de saponification ancestraux qui ont traversé les âges grâce à leur savoir-faire qualitatif et authentique. 

Aujourd’hui, le savon est le produit cosmétique le plus utilisé au monde avec plus de 79 kilos par seconde soit une consommation annuelle mondiale de 2,5 millions de tonnes.

Depuis la mondialisation, le savon de Marseille, produit emblématique de la Provence est quelque peu malmené par les contrefaçons faute d’appellation protégée. En effet, 95% de la production actuelle est importée de Chine et de Turquie.  En réalité, ces pays exportent des bondillons de savon que des artisans se contentent de colorer, parfumer puis mouler à froid en apposant sans vergogne la mention “de Marseille” alors que le procédé n’a rien à voir avec la recette d’origine. À ce jour, il ne reste à Marseille que trois savonneries en activité à saponifier selon le procédé de “l’empâtage à chaud”. 

Martin de Candre s’inspire du meilleur de ces maîtres savonniers d’antan pour créer une gamme de savons de toilette sains pour la peau et l’environnement, fruit de recettes traditionnelles hautement qualitatives. 

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